Pendant une quinzaine de jours, une quarantaine d’athlètes du Québec, de France, d’Espagne et de Suisse, ambassadeurs ou amis de la Clinique du Coureur, ont vécu en immersion sur l’île de La Réunion pour participer à l’une des courses du mythique Grand Raid.
Les champions québécois se sont magistralement illustrés avec une 7e place de Jean-François Cauchon à la Diagonale des fous (166 km et 9600 m D+), avec un doublé inattendu sur le Trail de Bourbon (112 km et 6500 m D+) d’Anne Champagne (qui pulvérise le record de l’épreuve) et Élisabeth Cauchon, et avec la victoire surprise, mais nette et sans bavure, de Claudine Soucie sur la Mascareignes (66 km et 3500 m D+).
Distances+ vous propose de revenir sur cette formidable aventure d’équipe en images avec Nicolas Fréret, qui a accompagné les Guerriers du Grand Raid à La Réunion.
Johan Trimaille, Hélène Michaux, Alister Gardner et Marianne Hogan
Vous pouvez retrouver ici tous les résultats des athlètes québécois qui ont participé à l’une des épreuves du Grand Raid.
Un mot tout de même sur le Québécois d’adoption Johan Trimaille, qui prenait à Saint-Pierre de La Réunion le départ de son premier 100 miles dans la foulée de sa troisième place au 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada. Il est longtemps resté aux abords du top 10, gérant sa course en champion. Il a perdu plusieurs places en fin de course, notamment en raison de douleurs aux pieds. Il a pris le temps de se les faire soigner par l’équipe de podologues mobilisés par le Clinique du Coureur spécialement pour les Guerriers du Grand Raid. Johan a passé la ligne d’arrivée en 17e position, devant Diego Pazos et Antoine Guillon entre autres grands champions.
On notera aussi que sur la Mascareignes, Hélène Michaux et Alister Gardner sont repartis avec les honneurs en prenant respectivement la sixième place du classement féminin et la neuvième place du classement général.
Mention spéciale à l’athlète Marianne Hogan, qui faisait son retour sur les sentiers à l’île de La Réunion après s’être cassé la jambe il y a un peu plus d’un an. Ironie du sort, elle s’est lourdement tordu la cheville lors d’une sortie dans le cirque de Mafate une semaine avant la Mascareignes, mais elle a tout de même pris le départ et est allée au bout avec son éternel sourire, loin, très loin, derrière les premières places auxquelles elle est habituée lorsqu’elle a tous ses moyens, en 144e position (16 h 58 m 30 de course).
Abandon de Florent Bouguin, David Jeker et Olivier Gagnon
Florent Bouguin était heureux de revenir sur son île pour la traverser de nouveau. Malheureusement, à mi-parcours, au coeur du cirque Mafate, son sourire s’était teinté de tristesse et de déception. Il a pris la sage décision d’arrêter prématurément. Il estime que cet « échec » était prévisible, car il a couru trop d’ultras en trop peu de temps un an avant la Diagonale, cinq en seulement sept mois, dont deux 100 miles. « Je n’ai pas pris le temps de récupérer entre chacun d’eux, reconnaît-il. Je n’ai pas écouté les signaux de fatigue de mon corps. » Blessé aux genoux, il a repris l’entraînement deux mois avant la course. « J’ai essayé de rattraper ma dette de volume et de dénivelé », explique-t-il, mais ses efforts n’auront pas été suffisants pour être prêt.
David Jeker avait fait, comme à son habitude, un départ canon aux côtés de Jordi Gamito, Diego Pazos et David Hauss, mais après l’erreur de balisage, il a accusé le coup, écoeuré parce que les jambes étaient là, et n’est pas parvenu à se remotiver pour aller jusqu’à la ligne d’arrivée. En haut du Maïdo, l’envie n’était plus là. Il a rendu son dossard.
Olivier Gagnon, engagé sur la « petite course », a lui aussi été contraint à l’abandon. Très en forme et en jambes, le Montréalais a roulé toute la course avec Alister Gardner et l’ambassadeur espagnol de la Clinique du Coureur Albert Carrère, avant d’être arrêté et paralysé au sol subitement à environ 10 km de l’arrivée par d’inextricables crampes, incapable de se relever. Tout est rentré dans l’ordre par la suite.
Résumé de la Diagonale des fous : la folle remontée des champions
Cela aura été une Diagonale d’anthologie. Une bonne vingtaine de coureurs élites avaient l’opportunité de briller cette année sur la course reine où les dénivelés techniques font la loi et forcent les plus rapides à l’humilité, et où rien n’est jamais vraiment gagné avant l’ascension du Maïdo, un mur interminable placé aux deux tiers de l’épreuve. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Tous les favoris, dont une majorité affirmaient avant la course vouloir partir « tranquillement » se sont retrouvés piégés un peu avant le deuxième ravitaillement à la suite d’une erreur de balisage. À une intersection entre le parcours de la Diagonale et le Zembrocal, la course en relais du Grand Raid, les coureurs ont emprunté le mauvais chemin, emmenés notamment par un David Jeker en feu. Il n’y avait personne sur les lieux pour les orienter. Ils ont constaté tardivement leur erreur et sont arrivés au deuxième ravito avec 45 minutes à 1 heure de retard sur les premiers qui, eux, avaient suivi le bon chemin, parmi lesquels Grégoire Curmer, le futur vainqueur, Nicolas Rivière, qui connaissait le parcours par coeur (2e) mais aussi Jean-François Cauchon (7e) et Johan Trimaille (17e).
Ce fait de course aurait pu être suivi d’une ribambelle d’abandons, mais la majorité des favoris ont instantanément révisé leur plan de match et accéléré sans attendre pour tenter de limiter les dégâts. Le double vainqueur de la Diagonale, Benoit Girondel, qui visait le triplé n’est pas reparti de Notre-Dame-de-la-Paix. Il a indiqué être blessé. Tout comme l’Espagnol Jordi Gamito.
Les Français Maxime Cazajous, Ludovic Pommeret et Antoine Guillon, le Suisse Diego Pazos ou encore le Réunionnais David Hauss, tous au-delà de la 200e place à Notre-Dame-de-la-Paix, ont entamé une folle remontée dès le kilomètre 25. La course, perturbée évidemment, a été passionnante.
Devant, le coureur de Chamonix Grégoire Curmer a résisté et a passé la ligne d’arrivée en 23 h 33, un temps canon. Même si les meilleurs ont perdu beaucoup de temps, son chrono ne permet pas de décrédibiliser cette première grande victoire.
Ludovic Pommeret a terminé pour la troisième fois à la deuxième place, cette fois main dans la main avec le coureur local Nicolas Rivière. Ils sont arrivés près d’une heure après Curmer, et 30 min avant Maxime Cazajous qui venait à La Réunion pour gagner.
On gardera aussi en mémoire le calvaire d’Antoine Guillon. Le métronome n’avait pas les jambes pour espérer se placer comme à son habitude. Il avait même décidé d’abandonner avant le Maïdo, avait-il confié à Distances+ au ravito de Roche-Plate. Mais arrivé là-haut, il a préféré continuer, et aller au bout sous les acclamations du public encore sur place à La Redoute dans la nuit de vendredi à samedi. Il a passé en 28e position après 29 h 39, lui qui espérait passer la ligne sous la barre des 24 heures pour la première fois en 13 éditions.
L’auteur est l’invité du Grand Raid de La Réunion.
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