Le champion du monde de canicross est ambitieux

Photo : Dianel T. Photo

CANICROSS – « Tous les matins quand je me lève, mon seul objectif c’est de garder mon titre de champion du monde de canicross avec [mon chien] Phénix et faire un podium en bikejoring avec [ma chienne] Opale lors des prochains mondiaux », affirme sans détour le Français Antony Le Moigne. Il domine magistralement la scène de la course à pied tractée avec chien depuis quatre ans et il a la ferme intention de défendre sa position lors des prochaines compétitions mondiales en Pologne en novembre 2017.

« Jamais personne n’a encore fait ça en élite. Jamais personne n’est monté sur les deux podiums pour les deux disciplines » , dit-il.

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L’athlète de 37 ans, originaire de Grande-Ventes en Normandie, est le champion du monde de canicross depuis 2013. Il était de passage au Québec à l’invitation de la Fédération québécoise des Sports canins attelés. Distances+ s’est entretenu avec lui au terme d’une fin de semaine de stage qu’il animait en compagnie de Michael Roux, athlète élite québécois et spécialiste des sports mono chiens attelés.

Deux cœurs et un seul souffle

Le canicross est une discipline de la course à pied qui associe un chien et un humain. Le chien est relié à son maître par une ligne de trait. La pratique du canicross se fait dans des sentiers sur des distances moyennes de 5 km. L’idée est de profiter de la traction de son chien pour aller plus vite.

L’humain et le chien forment ainsi une équipe indissociable, « mais ça dépasse l’aspect physique, dit Antony. Ce n’est pas juste de courir derrière et de se faire tirer par son chien. C’est aussi le chien qui nous aide à sortir de notre zone de confort. C’est le chien qui nous aide à programmer notre sortie et nos entraînements. »

« Vraiment l’essence de ce sport, c’est de trouver la synergie entre l’humain et le chien, ajoute Antony. Ce n’est pas une question de vitesse ni une question de performance, c’est l’idée de ne faire qu’un avec son chien. »

Le bikejoring, quant à lui, est une variante du canicross, mais pour le vélo de montagne. Le chien est relié au vélo et aide le cycliste à se mouvoir plus rapidement. Ces disciplines, bien implantées en Europe, sont encore jeunes au Québec. Elles gagnent en popularité d’année en année.

« C’est la troisième fois que je viens [au Québec] pour donner un stage, dit Antony. C’est un sport qui a de l’avenir et qui a une belle dynamique ici. Mon rôle, en venant ici, c’est d’appuyer le développement, de rencontrer les coureurs et de les motiver à participer au développement du canicross. J’ai vu toute l’évolution de la discipline depuis les trois dernières années, c’est fantastique. »

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Photo : courtoisie

De 9 heures à 9 minutes d’effort

Athlète professionnel en Ironman pendant six ans, Antony a lancé la serviette en 2006. « Après avoir été au Brésil, en Nouvelle-Zélande et partout en Europe, j’avais le goût de passer à autre chose, explique-t-il. C’est très chronophage les entraînements de triathlon et j’en avais assez. Deux jours après avoir arrêté, j’ai enfin réalisé un vieux rêve et j’ai adopté Canyon, un chien Husky ». C’est avec ce premier chien qu’Antony a découvert le canicross.

En passant des longues épreuves au canicross, Antony a drastiquement diminué la durée de ses efforts physiques. En effet, une épreuve avec chien ne dure jamais bien plus qu’une quinzaine de minutes.

Malheureusement, en décembre 2016, Canyon a succombé à une maladie.

L’athlète avoue que cette perte récente est le plus triste événement de sa vie. « Je ne m’en suis pas encore tout à fait remis. C’est horrible le mal que cela fait », confie-t-il.

Malgré cette douleur, ses yeux sont maintenant tournés vers Phoenix, son Greyster, et Opale, une toute jeune femelle braque allemand.

Aussi passionné de course en sentier

Le sportif français, aussi directeur du service des sports de la commune de Bray-Eawy, court aussi bien avec que sans chien. Il est régulièrement sur les podiums des courses régulières en sentiers, car ces événements lui servent d’entraînement.

« Je ne fais que de la courte distance en trail, car je souhaite rester en adéquation avec ma pratique du canicross, dit-il. Je dois travailler ma vitesse et ma puissance, je ne suis pas sur l’endurance. » D’ailleurs, de passage au Québec en mai 2016, il était arrivé troisième au Trail du Coureur des bois, même s’il s’était perdu et avait rallongé sa course de plusieurs centaines de mètres.

Antony Le Moigne organise également une course en sentier dans son coin de pays, un événement de 11 km et 22 km. Il a la ferme conviction que le développement des sports canins attelés passe par la combinaison des efforts. « En France, les clubs de canicross se sont associés avec des événements de trail existants et ça a beaucoup aidé au développement du sport, dit-il. En profitant des installations en place et de la visibilité auprès d’une plus grande communauté de coureurs, dont plusieurs sont propriétaires de chiens, le sport a pris son envol et est maintenant connu de tous. Le Québec gagnerait peut-être à faire davantage ce type d’association. »

Quant à la représentation québécoise au Championnat du monde en Pologne, une délégation prendra possiblement son envol en novembre prochain. S’ils sont sélectionnés dans l’équipe canadienne, les athlètes Lucille Janin, Marc-Antoine Fortin et le junior Charles Bélanger seront à surveiller.


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