Anne Champagne – Photo : Josh Segeleski
Après avoir dominé effrontément la Spartan Ultra Beast à Stoneham, une course à obstacles de 50 km et avec 4000 m de D+, en terminant première toutes catégories confondues, Anne Champagne s’est attaquée avec succès au 55 km du Bromont Ultra, en octobre dernier. Définitivement convertie à la course en sentier, cette jeune athlète pourrait impressionner en 2019. Portrait d’une championne dont les succès pourraient largement dépasser les frontières du Québec.
En août dernier, lorsqu’Anne Champagne a complété la Spartan Ultra Beast en 8 h 12, elle avait une avance de 50 minutes sur le premier homme et de 4 heures sur la plus proche concurrente. « Je ne m’attendais pas à ce résultat! Je n’aime pas attirer l’attention, mais disons que c’est un temps qui a attiré l’œil », avoue l’athlète de 24 ans.
Mais son cœur était déjà ailleurs puisque, quelques semaines plus tôt, elle avait remporté l’épreuve de 42 km du Northman Ultimate XC à Saint-Donat. Sa victoire au 55 km du Bromont Ultra n’a fait que renforcer sa détermination à se consacrer à la couse en sentier. « C’est sûr qu’on aime mieux faire ce dans quoi on performe. J’ai plus de fun à courir que d’être au gym à m’entraîner pour les obstacles. J’ai fait quelques courses en sentier cette année et j’ai tellement trippé! » explique-t-elle.
Du triathlon à la course à obstacles
Comme beaucoup d’athlètes élites, Anne Champagne s’est impliquée très jeune dans les sports d’endurance, comme le cross-country, l’athlétisme et le triathlon. Des sports qui intègrent tous la course à pied. « J’ai vraiment exploré toutes les façons de courir. Quand j’ai commencé mes études secondaires, je suis entrée dans le club de triathlon, mais c’est dans la course à pied que j’avais le plus d’aptitudes », se souvient-elle.
Après ses études et une période où elle se consacre à la course sur route et sur piste intérieure, elle se lance dans les courses à obstacles.
« Ce n’est pas Ninja Warrior, prévient Anne Champagne. La grosse portion de l’épreuve, c’est la course à pied. Le ratio d’effort est à peu près 80 % de course et 20 % d’obstacles. Il existe aussi des courses de 3 km où les obstacles sont très concentrés, mais ce n’est pas le genre de courses auxquelles j’ai participé. »
C’est d’ailleurs grâce à la course à obstacles qu’elle a été amenée à découvrir la course en sentier et à apprivoiser les longues distances.
« C’est un peu moins commun, mais il y a des courses à obstacles qui peuvent être très longues. J’en ai fait cinq au total d’environ 50 km chacune. Si on la compare à la course en sentier, c’est une autre gestion de l’énergie : tu ne fais pas juste courir, car il y a des épreuves qu’il ne faut pas manquer sinon il y a des pénalités. Tu dois te garder des réserves », explique la résidente de Joliette.
Travail et entraînement
Quand on lui demande ce qui explique ses performances en course en sentier, elle les attribue à plusieurs facteurs.
« Cette année, je voulais seulement avoir du plaisir, j’avais zéro attente, avoue Anne Champagne. Moins de stress et pas d’attente, ça donne seulement de bons résultats. Oui, j’ai des aptitudes pour la course à pied, ça m’aide énormément, mais je m’entraîne fort, c’est du gros volume. Cet été, j’avais une moyenne d’environ 100 km par semaine en course, plus des entraînements de renforcement musculaire à travers ça. »
Avec un travail à temps plein – elle est thérapeute en réadaptation physique pour le réseau de la santé -, elle consacre ses temps libres à l’entraînement. « Je dirais que je n’ai pas beaucoup d’autres activités : je travaille et je m’entraîne, c’est pas mal ça, résume-t-elle. Je parle avec des coureuses comme Anne Bouchard qui réussissent, en plus, à s’entraîner et à performer avec une famille. Je me dis que ça se fait quand même, c’est juste une question d’adaptation. »
Cap vers 2019
Anne Champagne trépigne littéralement d’impatience à l’idée d’entamer sa saison 2019. Sa première course sera d’ailleurs la Pandora -24, au parc des Falaises de Prévost, en février prochain, où elle fera équipe avec Anne Bouchard et Annie-Claude Vaillancourt.
« Je vais peut-être aller à Bear Mountain en mai, mais pour le reste, je vais être principalement au Québec. En juin, il y a le Trail de la Clinique du Coureur où j’ai vraiment hâte de me mesurer à Sarah Bergeron-Larouche sur le 50 km. Je compte essayer le 100 km du Québec Méga Trail puisque c’est le championnat canadien. J’ai aussi reçu une invitation pour l’Ultra Trail Académie en juillet et il y a aussi la Trans Vallée », énumère-t-elle sans s’essouffler.
Son plus gros objectif de l’année sera assurément le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana qu’elle compte affronter avant de retourner à Bromont pour une seconde fois. « Il y a un gros écart entre le 80 km et le 160 km du Bromont Ultra, explique la championne. Comme le 160 km risque d’être trop long, c’est plus stratégique pour moi de faire le 80 km. Mon véritable objectif, peut-être trop ambitieux, c’est l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, c’est vraiment mon objectif à long terme. »