Dès demain, sur le coup de 20 h en Italie (14 h au Québec), l’athlète Alexandre Genois entamera une course folle dans les sentiers et les crêtes encore peu explorés de la Vallée d’Aoste, dans les Alpes italiennes. Le coureur de Cap-Santé fait parti des 100 athlètes choisis pour prendre le départ de la 1re et unique édition du Tor des Glaciers, une trotte de 450 km et 32 000 m D+ organisée pour souligner les 10 ans du prestigieux Tor des Géants.
Si le Tor des Géants, qu’il a couru en 2014, avait puisé dans ses réserves physiques et mentales, le coureur québécois aborde l’événement avec une relative sérénité. « Je sais un peu plus à quoi m’attendre. Ce ne sont pas les mêmes sentiers, ce ne sera pas balisé, mais c’est le même secteur, donc j’ai une bonne idée de comment me déplacer rapidement pendant environ huit jours », dit-il.
Alexandre est exclusivement concentré sur cet objectif. « C’est un cheminement mental qui se fait depuis février dernier et l’annonce des coureurs choisis ». « Au niveau physique, tout est bon, j’ai fait mon volume pendant l’été et je suis allé faire quelques tests dans les White Mountains. »
Mais Alex sait que l’entraînement ne fera pas tout. « Il faudra bien gérer. De toute façon, je le sais, plus la distance augmente, plus ça se joue dans la tête. Les probabilités de blessures, de problèmes gastriques ou autres ˝classiques˝ de l’ultra sont plus élevées ».
Une question de gestion
Dimanche dernier, Alexandre s’est envolé pour la Suisse avant de rejoindre Courmayeur, en Italie, d’où part la compétition. Il a donc eu cinq jours pour se remettre du décalage horaire et s’acclimater.
Le coureur aborde l’événement avec calme, notamment du fait de son expérience. « Sur le Tor des Géants, je me suis répété sans arrêt ˝gère bien ton effort, ne dépasse pas la limite, ne prend pas de risque inutile˝. Finalement, c’est une des courses que j’ai le plus appréciées, donc je ne pars pas vraiment avec des craintes ».
Puis, il se reprend et évoque un point qui l’interpelle. « Étant donné qu’il n’y a pas vraiment de balisage, mon seul souci c’est de rester alerte et bien réveillé pour prendre le bon sentier au bon moment ».
N’importe qui s’étant perdu sur quelques mètres lors de courses de formats moindres que le Tor des Glaciers peut certainement ressentir la crainte dont parle Alexandre. Toutefois, les organisateurs imposent une bonne préparation. « Il y a une trace GPS qu’il est obligatoire d’avoir dans sa montre. Personnellement, j’ai acheté les cartes et j’ai fait mes traces. »
Il faudra tout de même faire preuve de grande vigilance. « Il y a beaucoup de sentiers qui sont quasiment laissés à l’abandon, à l’entretien des gens qui se trouvent dans le secteur. Ça peut être un peu plus difficile de trouver son chemin. »
Un athlète hors pair
Amateur de longues distances depuis l’adolescence, le (toujours) jeune coureur de 29 ans présente un CV sportif remarquable. « Vers 14-15 ans, j’ai reçu mon premier vélo de route et rapidement je me suis mis à faire des longues distances, comme des 180, 200 ou 250 km. C’était mon petit plaisir de partir loin », raconte-t-il.
Le virus attrapé, Alexandre complétera son 1er Ironman à l’âge de 16 ans. Sur les conseils de nombreux entraîneurs, il se tourne toutefois vers les plus courtes distances jusqu’à l’été 2011.
Cet été-là, le triathlonien est en vacances en Suisse et découvre le Graal des coureurs en sentier du monde entier : l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. « Dès l’automne 2011, je me suis rendu aux États-Unis pour les 50 miles de la Mountain Masochist Trail Run pour accumuler les points nécessaires pour participer à la CCC (une des courses de l’UTMB, 101 km, 6100 m D+) ».
Puis, tout s’enchaîne pour Alexandre Genois. En août 2012, il court la CCC, puis la TransMartinique en décembre de la même année. Deux ans après avoir découvert l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, Alexandre complète la plus longue épreuve individuelle de l’événement, l’UTMB, en août 2013. Enfin, il avale l’ogre qu’est le Tor des Géants en septembre 2014. Il est le 1er Québécois à participer à cette épreuve.
À la maison, Alexandre a été le premier, en 2017, à établir le record de montée du mont Sainte-Anne en 24 heures (15 montées), récemment battu par Jean-François Cauchon (22 montées en 24 heures).