Du sommet du Manaslu aux sentiers de la Virginie, Laurent Homier vit sa passion pour la montagne

La traversée des Présidentielles – Photo : courtoisie

À 52 ans, Laurent Homier est un athlète polyvalent qui ne cesse d’améliorer ses performances. Il a raflé la première place chez les 50 ans et plus au 125 km de l’Ultra-Trail Harricana (UTHC) en septembre dernier. Il a réitéré l’exploit un mois plus tard lors de son premier 100 miles, le Cloudsplitter 100, qui se tenait en Virginie les 7 et 8 octobre.

Également premier Québécois à atteindre le sommet du Manaslu (8163 m) au Népal, sans oxygène et sans porteur d’altitude, cet aventurier, également conférencier, carbure au dénivelé positif. Distances+ l’a rencontré.

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Cloudsplitter 100

Avec plus de 8000 m de dénivelé positif, son premier 100 miles représentait un défi de taille. « J’ai choisi cette course pour son fort dénivelé. J’aime la montagne et les défis techniques. Ça m’a aussi permis de me qualifier pour l’UTMB », explique Laurent.

Sa participation à l’événement a failli être compromise un mois avant. « Au 125 km de l’UTHC, une douleur intense au genou m’a fait serrer des dents pendant 80 km, au point où j’ai eu de la difficulté à mastiquer pendant une semaine! Je n’ai eu qu’un mois de récupération entre les deux courses. Mon acupuncteur, mon ostéopathe et mon massothérapeute m’ont beaucoup aidé ».

C’est donc sans attente précise qu’il se présente à la ligne de départ de cette course belle et épique à la fois. « Les premiers 100 km sont presque entièrement constitués de singletracks. On traverse des forêts d’arbres géants et de rhododendrons : on se croirait dans une jungle tropicale. »

Après 88 km de course, c’est avec joie qu’il se retrouve en 5e position et sans douleur au genou ou presque. « Mes amis Olivier et Isabelle ont formé une équipe de soutien formidable pour les ravitaillements et ils ont même dû s’ajuster car mon rythme était plus rapide que prévu. Olivier m’a aussi accompagné comme pacer à la fin. »

Mais la nuit lui réserve des défis inattendus. « Je m’enfonce dans la Devil’s Fork Loop avec un fort dénivelé, des pentes abruptes, des roches instables et glissantes. Je crois avoir juré tous les noms du Seigneur dans cette boucle du diable! », ajoute cet adepte des parcours techniques.

Sa rencontre avec un serpent venimeux et l’arrivée d’un poursuivant l’a gonflé d’adrénaline pour la suite de la course, lui permettant de maintenir son classement jusqu’à la ligne d’arrivée, qu’il a franchie tout sourire.

Au sommet du Manaslu (8163m) au Népal, en 2011 - Photo: Courtoisie
Au sommet du Manaslu (8163m) au Népal, en 2011 – Photo : courtoisie

Une préparation rigoureuse

C’est en 2014, après avoir été successivement cycliste, instructeur d’escalade, triathlète (il a un Ironman à son actif) et alpiniste, que Laurent adopte la course en montagne et dresse un plan de quatre ans pour atteindre son objectif de courir des 100 miles.

Il augmente graduellement la distance de ses courses, incluant plusieurs ultras variant entre 80 et 100 km, et sollicite les conseils de son entraîneur. Il réalise aussi de costauds défis de longue randonnée en autonomie totale aux États-Unis, tout en visant des records de vitesse. « J’ai effectué beaucoup de recherche pour trouver du matériel ultra-léger et j’ai calculé le nombre de calories dont j’avais besoin », explique ce végétarien à la discipline de fer.

Lors de ses conférences au sujet de son expédition au Manaslu, Laurent cherche à transmettre un message de persévérance et de dépassement de soi. Celui qui a dû surmonter un choc post-traumatique en 2004 suite au décès en montagne de sa conjointe de l’époque, a su développer lui-même résilience et ténacité. « Je démontre comment, avec du courage et de la détermination, on peut arriver à atteindre ses objectifs et à franchir les obstacles les plus difficiles », dit-il.

Des projets plein la tête

Les idées ne manquent pas pour cet aventurier. « J’ai plein de projets de course, dont l’UTMB. Je vise aussi à parcourir le GR-A1 (650 km) et le Long Trail Hike (438 km) en autonomie complète et battre le record de vitesse. Je compte bien retourner en haute montagne aussi. Et avec ma conjointe, nous planifions une expédition en ski de randonnée dans le Grand Nord. »

Père de trois grands garçons, il a maintenant plus de temps à consacrer à l’entraînement et désire aller au bout de lui-même. « Je continue à améliorer mes temps et mon classement au général, ce qui est un phénomène rare à mon âge. Je suis encore à la recherche de mon plein potentiel! », conclut-il.