Après 2 ans de préparation, les Guerriers du Grand Raid sont au départ de la Diagonale des fous

David Jeker, Jean-François Cauchon et Johan Trimaille en entrevue avant le départ de la Diagonale des fous 2019 – Photo : Nicolas Fréret

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Sur la plage de Saint-Gilles-les-Bains, dans l’ouest de l’île de La Réunion, plusieurs coureurs du Québec se reposent en ce jeudi après-midi sur la plage baignée de soleil qui donne sur le lagon. Ce sont leurs derniers instants de quiétude enveloppés de chaudes rafales de vent. Dans quelques heures, ils avanceront tant bien que mal sur les terribles sentiers de la Diagonale des fous (166 km et 9600 m de dénivelé), à travers les pitons volcaniques et les cirques.

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Depuis une semaine pour les uns, quinze jours pour les autres, l’équipe des Guerriers du Grand Raid séjourne ensemble à l’hôtel dans la joie et la bonne humeur. Ils se sont acclimatés à la chaleur, ont exploré les sentiers, en courant ou en randonnant un peu partout sur l’île, ils ont pris du bon temps et ont accumulé de l’énergie positive qui deviendra explosive avec le cocktail d’endorphines que génère l’excitation de la compétition et du départ vers le volcan. Le tout dans une folle ambiance de festival créole qui dépasse l’entendement. Les Réunionnais sont en effet tous dans la rue et fêtent les « raideurs » du premier au dernier sur tout le parcours. Y compris dans les chemins inaccessibles autrement qu’à pied ou en hélicoptère.

Distances+ vous propose un court passage en revue des participants de la Diagonale des fous en provenance de la Belle Province

Florent Bouguin

Florent Bouguin prend le départ de sa deuxième Diagonale des fous - Photo : Nicolas Fréret
Florent Bouguin prend le départ de sa deuxième Diagonale des fous – Photo : Nicolas Fréret

Florent Bouguin, le plus réunionnais des Québécois, est le premier à avoir embarqué dans le projet de la Clinique du Coureur. Il va tenter de traverser son île en moins de 30 heures, ce qui serait une formidable performance pour un athlète certes expérimenté et connaisseur du terrain, mais longtemps blessé cette année. Il sait que la fin de l’aventure se fera au mental. En 2015, il avait parcouru la distance en 35 h 30. « Si je termine en 29 h 59 min 59 s, je serai le plus heureux des hommes, sportivement parlant », anticipe-t-il. Le dernier passera la ligne d’arrivée après 66 heures de course.

Jean-François Cauchon, David Jeker et Johan Trimaille

Jean-François, David et Johan ont accordé une courte entrevue à Distances+ à quelques heures du départ :

Jean-François Cauchon n’est pas venu à La Réunion pour faire du tourisme. Il n’a jamais été aussi fort et aussi bien entraîné. Il a récemment battu un record de dénivelé positif au mont Sainte-Anne et il a une confiance inébranlable. Il est convaincu de pouvoir bien performer et de briller parmi le gratin du trail international, même s’il dit beaucoup respecter le parcours. En l’absence de Mathieu Blanchard, il porte les espoirs des Guerriers sur cet ultra.

David Jeker est lui aussi dans la forme de sa vie, selon lui. Il s’est entraîné comme un acharné et aimerait briller sur la Diagonale. Il sait qu’il a souvent du mal à finir ses courses qu’il aborde généralement avec l’énergie du désespoir, mais il s’accroche à son intense motivation. Il promet de ne pas partir trop trop vite, mais on sent à l’écouter qu’il aura du mal à se contenir tant il a hâte d’y être.

Johan Trimaille s’élancera de son côté sur son premier 100 miles. Jusqu’à présent, il a terminé sur le podium de tous les ultras qu’il a couru au Québec, mais il a conscience qu’il ne joue pas encore dans la même cour que les grands favoris internationaux. Il veut absolument se préserver sur la première partie du parcours pour tenter d’accélérer ensuite et, pourquoi pas après tout, s’offrir une belle place d’honneur, dans le top 20 ou le top 30.

Jessy Forgues

Jessy Forgues aborde la Diagonale des fous avec une nouvelle philosophie - Photo : Nicolas Fréret
Jessy Forgues aborde la Diagonale des fous avec une nouvelle philosophie – Photo : Nicolas Fréret

Jessy avait décidé de ne pas venir à La Réunion. Habituée aux performances, l’athlète de Sherbrooke s’est beaucoup remise en question et a réalisé que ça ne lui correspondait pas, finalement, de se battre pour gagner, tout le temps. Qu’elle n’avait plus envie de cette vie-là. Elle a donc renoncé à faire le voyage. Et puis, elle a décidé, au dernier moment, de se rendre quand même à La Réunion et de prendre le départ de cette Diagonale, mais sans aucune démarche compétitive. « Quand le départ sera donné, j’entrerai immédiatement en état de méditation », dit-elle. Le reste sera une aventure intérieure. La Diagonale n’en sera que le cadre magnifique, dont elle veut se nourrir, sans penser à sa place ou à son temps.

Jean-Philippe Lebeau

Jean-Philippe est un bon coureur, habitué aux places d’honneur au Québec, comme sa 5e place au Québec Méga Trail 2018 et sa 11e place au 125 km de l’Ultra-Trail Harricana en septembre. Il aborde la Diagonale avec engouement et sagesse :

« Mes plus beaux marathons ont toujours été ceux réalisés avec un bon split négatif. J’aborderai la Diagonale avec cet état d’esprit, en ayant pour cible première d’arriver tout frais, calme et en contrôle à Cilaos, explique-t-il. Par la suite, je ferai face aux obstacles des impressionnants dénivelés de Mafate avec optimisme et positivisme. Pour ce qui est de la dernière section, je laisse les bonnes étoiles qui veillent sur moi m’apporter ce que j’ai besoin pour boucler le parcours.

Jean-Philippe pense qu’un temps de 32 h est réaliste selon son niveau de forme, « mais l’incertitude face à ma capacité de tolérer le manque de sommeil m’amène à des chiffres qui tirent vers le 40-42 h. Tout compte fait, franchir la ligne d’arrivée me remplira de fierté! »

Mickaël Préti

Mika Préti, l'organisateur de l'aventure des Guerriers du Grand Raid - Photo : Nicolas Fréret
Mika Préti, l’organisateur de l’aventure des Guerriers du Grand Raid – Photo : Nicolas Fréret

Mickaël est l’organisateur du projet Guerriers du Grand Raid, qu’il a mené pendant deux ans pour La Clinique du Coureur. Mais c’est aussi un bon coureur. Malheureusement, lors d’un entraînement avec les élites québécoises, sa cheville a vrillé. À une semaine du départ, le risque était grand qu’il soit contraint de renoncer. Pris en charge par Blaise Dubois, il a retrouvé l’espoir ses derniers jours. « Ma cheville va tenir, s’est-il enthousiasmé en se levant jeudi matin. Je suis prêt, tout va bien se passer et je vais en profiter au maximum! »

Yanick Normandeau et Jean-Nicolas Morin

Les deux enseignants de Québec sont prêts à affronter les sentiers et ne cessent de manifester leur reconnaissance de vivre cette aventure incroyable dans une ambiance de feu. Ils avaient répondu aux questions de Distances+ à la veille du départ.

Nous suivrons également sur les 166 km de cette 30e édition de la Diagonale des fous les autres gentils Guerriers québécois du groupe, à savoir Lee-Manuel Gagnon, Isabelle Bernier ou encore Marc-Antoine Rouillier et Guillaume Roy qui sont tous les deux avec leurs familles à La Réunion. Leur objectif est de terminer, peu importe le temps que ça prendra.

Marc-Antoine Rouillier et son petit garçon - Photo : Nicolas Fréret
Marc-Antoine Rouillier et son petit garçon – Photo : Nicolas Fréret

Les autres ultra-traileurs de l’équipe des Guerriers du Grand Raid sont les Français Antoine Le Soz (un ancien vainqueur du Québec Méga Trail), Frédéric Berg, Sébastien Champion, Dominique Jean, Samir Laddi, Benjamin Morin, Florence Morisseau, Aurélie Nougaillon, Xavier Teychenné, le Suisse Diego Pazos et l’Espagnol Alejandro Alvarez.

À noter que tous les membres de l’équipe bénéficient de l’aide de l’armée française aux quatre principales bases de vie sur le parcours, ainsi que de bénévoles physiothérapeutes et podologues.

À noter aussi que l’athlète de Québec Thomas Duhamel sera aussi au départ ce soir, mais il n’avait pas souhaité intégrer l’équipe. Il connaît extrêmement bien les sentiers de La Réunion pour y avoir vécu quelques années.

L’auteur est l’invité du Grand Raid de La Réunion.

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