Mozart 100 : l’ultra chic et classique

Campagne autrichienne
Sur le tracé de la Mozart 100 - Photo : Nicolas Fréret

SALZBOURG, Autriche – La Mozart 100, onzième étape de l’Ultra-Trail World Tour, s’est déroulée en fin de semaine à Salzbourg, en Autriche. Distances+ était sur place pour suivre cette balade bucolique de 104 km pour 4600 m de dénivelé positif.

Il fallait l’avoir, l’idée, de « transformer » le vieux centre de la riche ville de Salzbourg en haut lieu autrichien de l’ultra-trail. De retour d’une aventure au Costa Rica, il y a quelques années, Josef Mayerhofer, a eu un éclair de génie dans l’avion. Il voulait organiser une course unique dans une grande cité historique, forte d’une image connue internationalement et de paysages magnifiques. Il a ainsi jeté son dévolu sur la célèbre ville natale de Wolfgang Amadeus Mozart, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, et sur les Alpes autrichiennes, près de la frontière avec l’Allemagne.

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Il a testé sa recette et ça a tout de suite pris. La Mozart 100 rassemble aujourd’hui 1200 coureurs venus de 60 pays pour participer à l’une des sept courses organisées durant le week-end précédant l’été.

De la ville historique de Salzbourg au sommet alpin du Schafberg

Au-delà du concept marketing, Josef Mayerhofer a réussi le pari de créer un événement international et populaire comme s’il organisait une petite course de village, en s’inspirant de la convivialité et de l’authenticité inhérentes aux escapades en pleine nature. Une grande course plantée dans un décor ultra-chic, où des coureurs harassés et dégoulinants de sueurs croisent des touristes habillés en haute-couture, médusés et circonspects, au point d’omettre parfois d’applaudir ces héros puants. Le contraste est saisissant, mais charmant. Du grand art vivant.

Et le plus beau, c’est que d’un bout à l’autre de cet ultra – de la pierre aux torrents, de la place de la Cathédrale Saint-Rupert au bord des lacs encastrés entre les petites montagnes, et du jardin des catacombes de l’Abbaye Saint-Pierre au sommet alpin du Schafberg, en passant par les verdoyantes prairies fleuries et les fermes laitières -, le cadre est fabuleux.

Un ultra-marathon en sentier jugé « très rapide »

Au départ de l'édition 2018 de la Mozart 100, sur la Kapitelplatz - Photo courtoisie
Au départ de l’édition 2018 de la Mozart 100, sur la Kapitelplatz – Photo courtoisie

Samedi matin, au lever du soleil, une centaine d’ultra-traileurs ont quitté la Kapitelplatz, sous les « regards » impressionnants d’une armada de clochers et de l’imprenable forteresse de Hohensalzburg. Le ciel était bleu, les conditions idéales, la journée prometteuse. Les élites se sont précipitées en dehors de la cité, avalant l’asphalte assez présent lors des premiers kilomètres pour rejoindre la campagne de Salzbourg et prendre un peu de hauteur sur la civilisation. Un petit groupe de coureurs très rapides a bataillé ferme jusqu’à la fin, jusqu’au retour au bord de la Salzach, la rivière qui sépare Salzbourg en deux.

L’Autrichien Florian Grasel est parvenu à se faire violence pour prendre progressivement le dessus sur ses deux principaux poursuivants, le Britannique Damian Hall (+3 min) et l’Italien Alex Rabensteiner (+6 min). Fou de joie, il a passé la ligne d’arrivée après 10 h 26 min de course en sautant littéralement sur le fil les deux pieds en l’air sur le côté. Avant de se renverser sur la tête un énorme verre de la bière partenaire.

« La Mozart 100 est une course vraiment très cool, a-t-il commenté. Le contraste entre le centre de Salzbourg et la montagne en fait un événement spécial. Pour moi, cela aura quand même été une course difficile, car très rapide dès le départ. Je ne suis pas habitué à courir à 4 min du kilomètre comme ça, a-t-il précisé à Distances+. Je suis resté concentré sur moi, sans me préoccuper des autres, et ça m’a réussi. Je termine vraiment bien. Je ne m’attendais pas à gagner parce qu’au km 85, je cherchais simplement à assurer ma 4e place. »

Florian Grasel a maintenant trois grosses épreuves qui l’attendent cet été, l’Eiger 100, en Suisse, la Tromso SkyRaces, la course organisée par Killian Jornet en Norvège, et l’UTMB, où il avait terminé 26e l’an dernier.

Chez les femmes, c’est également une coureuse locale qui l’a emporté. Martina Trimmel, sur le podium de l’Eiger 100 en 2017, a bouclé les 104 km de la Mozart 100 en 11 h 57. Elle a pris la 11e place au général, devant la coureuse britannique Sarah Morwood et sa compatriote Veronika Limberger. « Les conditions météo étaient idéales. Il ne faisait pas aussi chaud que prévu, et j’ai bien aimé me sentir chassée et m’en tirer », a mentionné la championne, que l’on retrouvera notamment à l’automne sur l’Ultra-Trail Atlas Toubkal au Maroc.

Ultra contrasté

L'Autrichienne Martina Trimmel a remporté l'édition 2018 de la Mozart 100 en 11 h 57
L’Autrichienne Martina Trimmel a remporté l’édition 2018 de la Mozart 100 en 11 h 57 – Photo courtoisie

Ce qui est peut-être le plus déroutant, sur ce grand événement, c’est la quiétude et la simplicité de l’organisation. Et cette impression, évidemment fausse, qu’ils ne sont que deux, Josef Mayerhofer et Claudia Kolussi, à tout gérer en chefs d’orchestre ultra zen avec flegme et bienveillance.

La Mozart 100 s’est terminée en musique, là où tout avait commencé, sur la feutrée « place du chapitre », celle de l’énorme boule dorée, mais dans une ambiance endiablée, laissant de côté la sacrée musique classique, pour des sons électroniques. Toute une histoire de contrastes.