Voici des signes de graves problèmes médicaux à connaître sur un trail

trail coureuse
Photo : Drew Farwell

Il se peut que votre petite course du dimanche se soit mal passée. Que la tendinite ait repris le dessus. Parfois, on a le sentiment de « ne pas avoir de jambes ». Mais au-delà des petits maux du coureur, il en existe des bien plus graves, qui nécessitent une intervention rapide. Tour d’horizon.

Les accidents, dont les formes plus graves sont fort heureusement rares, présentent certains symptômes communs. Il faut les connaître.

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Bien que ces problèmes de santé peuvent survenir sur un événement de trail ou même lors d’un entraînement, il ne faut pas oublier qu’ils sont rares. Ils ne devraient jamais empêcher une personne en santé de maintenir un mode de vie actif, puisque les bénéfices du sport surpasseront toujours les conséquences de la sédentarité.



Les problèmes « métaboliques » touchent plutôt les adeptes de distances longues, tandis que les problèmes cardiaques peuvent survenir à tout moment chez certains sportifs. La plupart du temps, ces alertes cardiaques laissent peu de place au doute et elles sont bien cernées. Les pathologies métaboliques, par contre, sont plus insidieuses. Elles peuvent passer pour un « gros coup de mou ». 

Surtout lorsque le coureur, ayant son objectif en ligne de mire, est aveuglé et fait abstraction des signaux que lui envoie son organisme. Il peut être nécessaire d’utiliser toutes sortes d’arguments pour persuader un athlète obstiné de jeter l’éponge ou, à tout le moins, de prendre un avis médical.

Soulignons à ce sujet qu’un avis médical se prend auprès d’un… médecin (!), et non auprès d’un secouriste croisé au bord du chemin. Ce dernier, malgré toute sa bonne volonté, et même si on l’encourage et le remercie, n’a pas nécessairement les connaissances requises pour évaluer une situation à risque pour la santé.

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Apprendre à connaître les symptômes

Ces familles de signaux doivent nous alerter, car ils nécessitent une réaction très rapide :

Les problèmes cardiaques

Le signal d’alerte largement connu est la douleur thoracique. Elle peut se manifester sous diverses formes : 

  • pour les formes classiques : d’apparition soudaine, de localisation rétrosternale, constrictive, irradiant vers le bras gauche ou le cou
  • elle peut prendre des formes plus sournoises comme une sensation de brûlure, de picotements et peut irradier vers l’estomac ou le dos. 

Ces douleurs peuvent ou non être accompagnées de :

  • palpitations
  • d’une fréquence cardiaque anormalement basse ou haute persistant après quelques minutes de repos
  • d’un rythme cardiaque irrégulier
  • ou encore un essoufflement persistant après l’arrêt de l’effort. 

Tous ces symptômes peuvent être le signe de divers incidents cardiaques. Du trouble du rythme cardiaque à l’infarctus en passant par la rupture d’un gros vaisseau sanguin, ils sont tous potentiellement graves et doivent faire l’objet d’une prise en charge médicale la plus rapide possible, sous peine d’évoluer rapidement vers une situation fatale. 

C’est pour cette raison qu’il est important, dès leur apparition, d’arrêter toute activité, de se mettre au repos et prévenir ou faire prévenir les secours (non, on ne continue pas tranquillement jusqu’au prochain ravito « qui n’est qu’à 4 km »).

La déshydratation

Les incidents métaboliques spécifiques à la course à pied et au trail sont le plus souvent la conséquence d’un état de déshydratation sévère. 

Les signaux de déshydratation sont connus : soif, sécheresse buccale, baisse des performances. 

Si cet état se prolonge, soit par absence d’apport de boisson, soit par hausse des déperditions, on voit apparaître d’autres signes qui doivent alarmer sur la nécessité d’arrêter de la course, ou d’au moins prendre un avis médical avant d’envisager la poursuite de l’aventure. 

Ces signes de gravité sont le résultat d’une cascade d’évènements traduisant les dérèglements consécutifs du métabolisme suite à la perte en eau et en sels minéraux. 

On constate :

  • une accélération de la fréquence cardiaque et respiratoire
  • un arrêt de la sudation
  • l’absence d’envie d’uriner
  • des crampes de plus en plus importantes et prolongées touchant des groupes musculaires variés
  • une irritabilité
  • des difficultés au raisonnement
  • une augmentation de la température corporelle
  • une désorientation
  • une perte de connaissance

Ces divers symptômes signent à des degrés divers une déshydratation sévère, mais ils peuvent aussi être le résultat d’une hyperthermie maligne d’effort (coup de chaleur) ou encore d’une rhabdomyolyse. 

En effet, la rhabdomyolyse peut apparaître sans déshydratation chez des coureurs qui sont en général insuffisamment préparés à l’effort fourni. Elle est la conséquence de la destruction massive de cellules musculaires qui se libèrent dans le sang et se traduit essentiellement par des crampes (sensations d’avoir des jambes en bois) et des urines teintées de rouge ou extrêmement concentrées, « sales ».

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Quoi faire?

Alors que faire si l’on est confronté à ces situations ou si on en est témoin?

Si la victime est consciente : 

  • Faites-la s’allonger à l’ombre.
  • Pour tous les symptômes liés à la déshydratation, faites-la boire s’il n’y a pas de trouble de la conscience.
  • S’il fait chaud, utiliser tous les moyens disponibles pour refroidir le coureur.
  • S’il fait frais, recouvrez-le avec sa couverture de survie (gardez la vôtre si possible, si vous devez continuer votre course une fois les secours ayant pris le relais).

Si la victime est inconsciente : 

  • Allongez-la à l’ombre, en position latérale de sécurité, si vous connaissez cette méthode. Elle s’apprend notamment dans les cours de secourisme.
  • S’il fait chaud, utiliser tous les moyens disponibles pour refroidir le coureur.
  • Ne tentez pas de lui faire avaler quoi que soit.
  • Surveillez sa respiration.

Dans tous les cas, alertez ou faites alerter les secours au plus vite et par tout moyen à votre disposition, en insistant sur les symptômes dont vous êtes témoin ou victime. 

Ne laissez jamais une victime seule. Tant pis pour votre barrière horaire, mais vous lui aurez peut-être sauvé la vie.


Notre collaborateur Jérôme Golla est infirmier. Il est spécialisé en médecine préhospitalière et en intervention d’urgence sur le terrain. Il est également pompier volontaire et participe à l’encadrement médical sur plusieurs ultra-trails.

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