Ultra-Trail de l’île de Madère : « C’est inhumain », selon Vincent Houle

Vincent Houle, Jessy Forgues et Sébastien Côté, avant le départ du MIUT 2017 / Photo : courtoisie

Les coureurs québécois David Jeker, Sébastien Côté et Vincent Houle en ont bavé en fin de semaine lors de l’Ultra-Trail de l’île de Madère (MIUT), une course hyper exigeante de 115 km marquée par des montées terribles (7100 m de dénivelé positif) et des descentes impressionnantes, mais ils ont tous les trois passé la ligne d’arrivée. Blessée, Jessy Forgues a pour sa part été rapidement contrainte à l’abandon pour la première fois de sa carrière d’athlète.

« C’était un projet trop ambitieux pour mon état précaire due à ma récente blessure, a-t-elle confié à Distances+, reconnaissant qu’elle accusait un peu le coup moralement. Ce n’est qu’une course et je vais prendre soin de moi afin d’être bien rétablie. »

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Rappelons qu’elle a maintenant dans son viseur l’Ultra-Trail du Mont-Albert en juin, puis son objectif de l’année : le Tor des Géants, en septembre.

David Jeker se rassure en allant au bout

Chez les hommes, c’est l’ultra-marathonien élite David Jeker qui a le premier passé la ligne d’arrivée en 18 h 54 (67e au classement général). Au cours de ses derniers ultras, il a vécu plusieurs abandons. « C’était dur, mais c’était tellement beau! Je suis satisfait d’être allé au bout malgré les difficultés, mais je crois être assez loin de mon potentiel, a-t-il commenté. J’ai mis près de quatre heures pour faire les 25 derniers kilomètres. »

David quittera l’Europe – où il faisait ses études – d’ici quelques semaines pour s’installer au Québec où il a l’ambition de remporter l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC).

Le Bear Mountain de Sébastien Côté

Le président de l’UTHC, Sébastien Côté, a lui aussi pris du plaisir devant la splendeur des paysages, malgré la difficulté éprouvée. « C’était un peu mon Bear Mountain, a-t-il dit. Une trop grosse course pour un début de saison précoce. Souvent les Québécois font le 50 miles de Bear Mountain et ils disent que c’est une course difficile, mais en réalité, la course n’est pas difficile. C’est le manque de temps pour la préparation, pour s’entraîner dans le spécifique (qui est en cause). »

Sébastien espérait passer l’arche d’arrivée sous la barre des 20 h, mais il lui a fallu 25 h 34 pour franchir la ligne. Il semble toutefois en pleine forme et nous a affirmé qu’il comptait reprendre l’entraînement dans une semaine.

Sébastien Côté a terminé le MIUT en 25h / Photo courtoisie
Sébastien Côté / Photo : courtoisie

La recommandation numéro 1 de Vincent Houle

En arrivant sur l’île de Madère, Vincent Houle a été moins impressionné par le relief escarpé que celui de la Diagonale des fous sur l’île de La Réunion, qu’il a courue l’automne dernier. Erreur. « C’est plus costaud », en fait, a-t-il reconnu, « avec des montées à pic vraiment violentes et beaucoup de dénivelés sur le premier 80 km. C’est inhumain », a-t-il ajouté après une première nuit de sommeil. Il n’en demeure pas moins que le MIUT est désormais sa « recommandation numéro 1. » À bon entendeur!

Victoire majeure de François D’Haene

L’épreuve, qui fait partie de l’Ultra-Trail World Tour (UTWT), était annoncée comme le premier grand rendez-vous de la saison en raison de sa difficulté et du nombre de participants de haut niveau. Et elle a tenu ses promesses puisque les quatre principaux favoris ont terminé aux quatre premières places.

Le champion de l’UTWT 2014 et double vainqueur de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, François D’Haene, a explosé le record de la course de 50 minutes, passant la ligne d’arrivée en 13 h 05.

« Ce ne fut facile pour personne et encore moins pour moi, a-t-il affirmé. Les marches m’ont aussi paru immenses et les kilomètres interminables parfois. Mais quand on a la chance d’être dans un décor pareil, de pouvoir courir pour son plaisir et d’être entouré d’autant de gens passionnés finalement on ne peut que sourire et de demander : quand est ce qu’on y retourne? »

Cette victoire nette et sans bavure laisse augurer une lutte exceptionnelle avec Kilian Jornet lors du prochain UTMB, début septembre.

Et il faudra aussi compter sur le jeune espagnol Pau Capell, qui a terminé deuxième de la course (13 h 28) en résistant au Français Xavier Thévenard, seul coureur à avoir gagné les quatre épreuves de l’UTMB. Il s’est dit « très heureux » de sa place de dauphin. Distances+ lui a demandé s’il ressentait de la frustration de ne pas être parvenu à rester en tête de course. « De la frustration? En finissant la course derrière D’Haene et devant Xavier (Thévenard), et en battant (moi aussi) le record de la course? Bien sûr que non! »

Troisième de l’UTWT en 2016, Capell est à peu près systématiquement sur le podium des ultras auxquels il prend part. Il a remporté la Transgrancanaria en février et se positionne comme un sérieux client pour être un futur champion de l’Ultra-Trail World Tour.

Chez les femmes, la course a été survolée par la grande favorite, la Suissesse Andrea Huser en 16 h 30. Ses poursuivantes, la Britannique Beth Pascall et l’Italienne Lisa Borzani ont passé la ligne d’arrivée respectivement en 17 h 11 et 18 h 19. À noter que l’ultra-marathonienne en sentier canadienne Stephanie Case s’est classée 5e en 19 h 02.

Sur les sentiers de l'Ultra-Trail de l'île de Madère / Photo : Sébastien Côté
Sur les sentiers de l’Ultra-Trail de l’île de Madère / Photo : Sébastien Côté

Tim Olson remporte la Penyagolosa

En même temps que l’Ultra-Trail de l’île de Madère se déroulait le Penyagolosa Trail (115 km), en Espagne, ce week-end. Et il y avait du beau monde là-bas aussi, notamment le Norvégien Didrik Hermansen, et l’Américain Timothy Olson, qui l’a emporté devant les locaux Yeray Duran-Lopez et Remi Queral-Ibanez.

Le prochain rendez-vous de l’UTWT aura lieu en Australie, le 20 mai, avec l’Ultra-Trail Australia (100 km).