Mathieu Blanchard et Maxime Leboeuf rejouent la lutte amicale au Trail de la Clinique du Coureur

Mathieu Blanchard
Mathieu Blanchard sur le parcours du Trail de la Clinique du Coureur - Photo : Olivier Mura

DISTANCES+ AU TRAIL DE LA CLINIQUE DU COUREUR – C’est une histoire de lutte fraternelle qui s’écrit depuis trois ans maintenant. Au Trail de la Clinique du Coureur, les athlètes Maxime Leboeuf et Mathieu Blanchard se poussent, se talonnent, se prennent la tête, mais au final, il n’y a qu’un coureur sur la première marche, et ce week-end, pour la deuxième année consécutive, c’est Mathieu Blanchard qui a ouvert la bouteille de champagne, même si le scénario n’était pas écrit d’avance.

Il y a trois ans, Mathieu Blanchard n’était pas encore l’athlète de trail que l’on connaît maintenant et, à sa première vraie saison de compétition, il n’avait pris « que » la troisième position du 30 km, alors la plus longue distance de l’événement. Maxime Leboeuf avait largement dominé le parcours. Déjà champion dans plusieurs disciplines de course de fond, il se mettait lui aussi tranquillement au trail.

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L’an dernier, la première édition du tout nouvel ultra de 50 km offert par La Clinique du Coureur avait offert un beau duel dans les sentiers de Lac-Beauport, près de Québec. Leboeuf et Blanchard s’étaient accrochés l’un à l’autre pendant la presque totalité du parcours, Mathieu prenant les devants en fin de course pour arriver une minute et 13 secondes devant Maxime.


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Il y avait donc un petit air de douce revanche à prendre qui flottait dans l’air autour de Maxime Leboeuf samedi matin, alors que la météo se faisait prometteuse. Surtout que les cartes, cette fois, semblaient brassées en sa faveur.

S’il était en pleine forme, on ne pouvait en dire autant de Mathieu Blanchard, qui était arrivé la veille seulement de trois jours de vols en avion, au retour de la Polynésie française, où il a couru – et remporté un ultra très à pic de 53 km le week-end précédent.

« Je ne me sentais pas assez en forme pour faire la première place, a confié Mathieu, à l’issue du match. Je pensais que j’allais être derrière à regarder ce qu’il se passe. »

Le manque de sommeil – il a passé une nuit blanche avant la course à cause du décalage horaire – mais aussi la fatigue du voyage, et celle de la compétition une semaine avant, s’ajoutaient à la petite dose d’incertitude liée à sa blessure au dos cet hiver, quoique la chose semble maintenant être passée.

« Je suis arrivé les jambes très fatiguées, et je m’attendais à faire plutôt une course en mode balade, tout en poussant, quand même », a dit Mathieu.

Au jeu!

maxime leboeuf
Maxime Leboeuf avait la forme – Photo : Olivier Mura

Le premier acte de la pièce s’est joué tel que prévu, avec un Maxime Leboeuf hyper préparé qui a semé son poursuivant, allongeant l’écart une minute à la fois.

« J’ai ouvert pour prendre de l’avance, explique-t-il. Mais au 30e kilo, je me suis trompé de parcours. J’ai fait une boucle de trop et je suis passé sur le même chemin que j’avais déjà fait. »

Cette erreur, dont il n’incombe la faute qu’à lui-même, lui a fait perdre un peu de sa précieuse, et courte avance, mais l’a surtout « sorti » mentalement.

« J’ai vu une pancarte au loin, mais c’était la pancarte ou j’étais déjà passé. J’avais des oranges dans les mains, une gourde que j’essayais de ranger… quand tu es premier, et que tu vas vite, tu as beaucoup de choses à gérer », explique Maxime.

C’est le moment où, dans la pièce grandeur nature en train de se jouer, le revirement dramatique s’opère, avec un Mathieu qui commence à percevoir la hausse de la température et se dit qu’il a peut-être une chance.

« Je suis habitué à la chaleur, j’arrive de Tahiti, dit-il. Un moment donné, j’avais les jambes lourdes, et ça n’allait pas du tout, ça n’avançait pas. J’avais le choix de lâcher mon rythme ou de continuer de me battre en me disant que, peut-être à la fin de la course, avec la chaleur, j’allais rattraper Maxime. »

La rencontre s’est produite au ravito du 40e kilomètre. « Je n’étais pas surpris de le voir arriver, dit Maxime. J’avais brûlé toutes les cartouches que j’avais, il commençait à faire chaud, j’ai commencé a avoir des crampes, ça allait moins bien, j’ai essayé de m’accrocher un peu… » Maxime Leboeuf nous avait déjà expliqué qu’il supportait mal la chaleur, et qu’il fait d’ailleurs généralement une pause durant l’été.

Le dernier effort a été vain : Mathieu est arrivé devant avec 1 minute et 52 secondes d’avance à la ligne d’arrivée. « C’est une surprise, je ne m’y attendais pas », a confié Mathieu, habitué d’être le premier.

« En fin de course, quand ça commence à faire très mal, Mathieu est capable d’avoir du chien et de continuer à avoir du roulant, lance Maxime. C’est peut-être ce qui me manque un peu. »

N’empêche que si Maxime Leboeuf aurait certainement aimé gagner – c’est un coureur très compétitif après tout – son objectif premier cette année était « d’être meilleur que le Maxime Leboeuf de 2018. » Et sur ce point, c’est « mission accomplie », assure-t-il.

« J’étais moins bon dans les descentes, j’étais toujours en rattrapage, mes montées laissaient à désirer, mes ravitos, c’était n’importe quoi, dit-il. J’ai travaillé mes faiblesses. »

Au lendemain de sa victoire, Mathieu Blanchard est allé se taper une petite course de récupération de 30 km sur le parcours du Québec Méga Trail, où on le verra fin juin, sur le 110 km. Mais le week-end prochain, il sera en Gaspésie, sur le Trans Percé 100 km, une course sur trois jours, dans le cadre du Gaspesia 100.

Un Sauvageau constant

Alexandre Sauvageau
Alexandre Sauvageau – Photo : Olivier Mura

Notons enfin la troisième position de l’Estrien Alexandre Sauvageau, qui a terminé 10 minutes derrière Mathieu Blanchard, en conservant un rythme régulier tout au long de la course. Au final, il a amélioré son temps de 43 minutes par rapport à l’an dernier, alors qu’il avait terminé en 10e place, sur un parcours pourtant légèrement plus difficile.

Celui qui a fini deuxième au 80 km de Bear Mountain il y a un mois, deuxième au 80 km de Bromont Ultra et 1er du demi-marathon du Mont-Royal l’automne dernier confirme son statut d’athlète élite émergent en trail au Québec.

Quarante-six hommes ont complété l’ultra de 50 km, qui en était à sa seconde édition.

Avec la collaboration de Jean-Mathieu Chénier

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