La Gaspesia 100 : « une fin de semaine très faste »

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Les champions de la Gaspesia 100 - Photo : courtoisie

La météo, les performances et les histoires qui se sont jouées dans les sentiers : la Gaspesia 100 en a offert pour tous, et généreusement. Distances+ a recueilli des témoignages.

« C’est l’édition de tous les sommets », s’exclame Jean-François Tapp au bout du fil. L’organisateur de la Gaspesia 100, qui venait de terminer le démontage de la toute dernière épreuve lundi matin – un mini trail pour les enfants – n’a pas encore eu le temps de faire un bilan, mais il sait déjà qu’il a réussi quelque chose avec son événement.

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La quatrième édition de ce rendez-vous gaspésien du trail a fait un bon bout de chemin depuis ses débuts, passant de quelques dizaines de participants à plus de 650 adultes. « Notre objectif, c’était d’atteindre 600-700 participants et, par la suite, de maintenir ce niveau-là », dit M. Tapp.

En ce qui a trait aux performances, il a une longue liste de faits saillants à souligner. À commencer par la troisième victoire, en autant de participation, de Thomas Duhamel sur le 160 km.

« Il n’a pas remporté parce qu’il était le seul coureur d’élite, dit M. Tapp. Cette année, il y avait de solides athlètes autour de lui pour le pousser. Il y avait des gens dans le peloton pour lui ravir sa place, alors sa victoire le satisfait particulièrement. »

Confirmation faite auprès du principal intéressé. « Ça fait vraiment très plaisir », dit sans surprise Thomas Duhamel, qui a retranché 1 h 23 par rapport à son temps de l’année dernière, et 4 h 42 par rapport à 2017, l’année où, dans des conditions météo exécrables, il avait été le seul à compléter le parcours.

« C’est devenu un petit pèlerinage annuel », dit Thomas.

« J’avais pour ambition de la gagner, lance-t-il. Je ne venais pas pour faire de la randonnée. Mais ce qui m’emplit de bonheur, c’est la manière avec laquelle j’ai géré ma course. Je me suis respecté du début à la fin, j’ai réussi à accélérer dans les moments que j’avais choisis pour distancer ceux qui étaient derrière. »

La victoire n’était pas signée immédiatement puisque l’un des favoris, le Chicoutimien Sylvain Lavoie, avait largement ouvert la machine en début de course pour prendre les devants. Au ravito du 106e km, il a été arrêté par des problèmes physiques.

« Avec l’expérience que j’ai accumulée sur cet ultra, je me suis dit que j’allais le laisser partir devant, dit Thomas. La course est longue et les sentiers sont destructeurs. Ça ne paraît pas, mais les sentiers détruisent le corps au fur et à mesure. »

À partir de ce ravito, il a décidé d’accélérer et de distancer Tim McDonough, avec qui il avait fait une bonne partie de la course (et qui a terminé 2e), afin de voguer vers sa troisième victoire.

Peu de D+, mais de la difficulté

Anne Bouchard a terminé 2e sur le 160 km de la Gaspesia 100 - Photo : Adrien Seguret
Anne Bouchard a terminé 2e sur le 160 km de la Gaspesia 100 – Photo : Adrien Seguret

Jean-François Tapp confirme que sa course est difficile. « Notre taux de finissants n’a pas augmenté cette année avec le nombre plus élevé de prétendants, dit-il. On pensait qu’on allait peut-être atteindre 50 % de finissants, mais on est resté au même pourcentage, soit environ 32 %. »

« Ça vient prouver que notre parcours est difficile, qu’il mérite le respect. Ce n’est pas parce qu’il a moins de D+ qu’il est plus facile. Il dévore les coureurs. »

Seize participants ont complété la course, sur une cinquantaine de partants.

Anne Bouchard fait partie des trois femmes qui ont réussi à compléter le 160 km. Elle était de retour sur le sentier qui lui avait résisté l’an dernier. Elle avait abandonné « sans raison valable », dit-elle.

« Je me suis sentie solide très longtemps dans la course, a-t-elle confié sur le chemin de retour vers Montréal. Il y a eu peu de moments très bas. »

Celle qui n’en est pas à son premier 100 miles (elle a remporté le Bromont Ultra en 2017 et fait une 29e position à l’UTMB) a toutefois dû ralentir sa progression à compter du 110e kilomètre, et même abandonner la tête à sa poursuivante Kelsey Hogan (1re femme et 3e au général), en raison de problèmes gastriques.

« Il s’est passé quelque chose qui ne s’est jamais passé avant et je suis contente de l’avoir vécu, dit Anne. C’est important de vivre ça comme expérience, pour pouvoir mieux s’adapter » pour la suite.

L’estomac noué, incapable de s’alimenter et de garder ce qu’elle ingérait, Anne a dû se mettre à la marche rapide pour se rendre jusqu’au bout.

En vue de sa participation à la SwissPeak 360 en septembre prochain, elle estime qu’en ayant vécu cette « adversité » ici, au Québec, elle sera mieux préparée pour cet ultra défi dans les Alpes.

« La tête et le cœur sont dans la béatitude », lance-t-elle.

La gagnante du 160 km, Kelsey Hogan (24 h 47 : 12), est une Terre-Neuvienne qui avait remporté l’an dernier le 106 km. « C’est une athlète exceptionnelle qu’il va falloir surveiller de très près », souligne Jean-François Tapp.

Hélène Dumais est l’autre participante ayant réussi à se rendre au bout. « Je ne m’étais pas entraînée spécifiquement pour cet ultra, dit-elle. Je me suis pointée là juste pour avoir du fun et c’est réussi! »

Hélène dit avoir apprécié le niveau technique du terrain et la beauté des paysages, mais surtout l’ambiance amicale générale. « On croise les coureurs des autres distances sur le parcours, c’est une belle course pour rassembler les gens », dit-elle.

Il n’y a pas que le 160 km

Le parcours permet d'accéder à des paysages époustouflants - Photo : Tram Ng
Le parcours permet d’accéder à des paysages époustouflants – Photo : Tram Ng

Comme toujours dans un événement de course en sentier, les plus longues distances attirent l’attention, mais il y a de belles performances dans les autres formats, rappelle avec raison Jean-François Tapp.

Ainsi, le 106 km a permis de couronner un premier ultra-marathonien en sentier « local gaspésien », dit l’organisateur, soit Louis-Vincent Lemelin (13 h 52 : 44). « On l’a vu performer dans plusieurs de nos événements, mais c’est la première fois qu’on le voyait sur une aussi longue distance », dit M. Tapp.

Louis-Vincent Lemelin devrait s’aligner sur le départ du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana en septembre.

Sur la course par étapes Trans Percé, et ses deux formats de 50 et de 100 km, on remarque la victoire de coureurs locaux, encore une fois, tel que Christopher Savard.

« Le gros défi cette année, c’était de parvenir à créer un événement à taille humaine et convivial, mais avec le double d’athlètes de l’année passée et dix fois le nombre d’athlètes de la première année », dit Jean-François Tapp en guise de conclusion. J’ai compris qu’on avait réussi ça, et j’en suis très content. »

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