Judith Boilard et son diabète, de l’enfer du Mont-Blanc à la revanche sur Harricana

Judith Boilard
Judith Boilard au départ du 65 km de l'Ultra-Trail Harricana - Photo : Ultra-Trail Harricana

Fin juin, Judith Boilard, de Québec, a pris le départ d’une course de rêve : le Marathon du Mont-Blanc. La course s’est transformée en cauchemar lorsque son organisme s’est complètement déréglé, à cause du diabète. Deux mois plus tard, elle a pris sa revanche, en complétant le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana. Elle raconte son histoire à Distances+.

Après de grosses sessions d’entraînement tout l’hiver pour se préparer à affronter le Marathon du Mont-Blanc, Judith est arrivée en France tôt pour, se remettre du décalage horaire. Elle a effectué quelques entraînements sur le terrain. Malgré tout, elle est arrivée à la ligne de départ en mauvais état.

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« J’étais déshydratée depuis mon arrivée en France. Au Québec, j’ai ma routine, je bois beaucoup d’eau, mais là, je partais tous les jours avec mes petites gourdes, et ça ne suffisait pas », explique-t-elle. 

La déshydratation peut être catastrophique pour une personne diabétique. Judith s’est retrouvée aux prises avec une hyperglycémie (taux de sucre sanguin trop élevé) presque constante et rébarbative aux tentatives de régularisation. 

« J’y allais à tâtons pour la baisser. Si je m’injecte trop d’insuline, j’arrive au problème contraire, une hypoglycémie. Et je suis super nerveuse avant une course, alors on mélange ça au cortisol et tout le reste… Mon lecteur affichait un chiffre record sur la ligne de départ! », se désole Judith.

L’index de glycémie continue de grimper une fois le départ donné. Judith est prise de vomissements, de vision trouble et de difficulté à se concentrer.

Lorsqu’elle fonce dans un arbre à 5 km du départ, elle décide de rebrousser chemin. Elle se retrouve nez à nez avec une autre participante, obstétricienne de formation, et spécialiste du diabète. Elles se rendent ensemble jusqu’au prochain ravito. Durant tout le trajet, elles sont au téléphone avec une diabétologue. Judith est secourue en ambulance avec un rythme cardiaque dangereusement bas.

« C’était un rêve… j’ai travaillé fort tout l’hiver. Je pensais que je l’avais. Une telle situation ne m’était arrivée qu’une seule fois avant. »

Le désir d’en découdre

Judith Boilard (à gauche) et ses amis au départ du Marathon du Mont-Blanc - Photo : courtoisie
Judith Boilard (à gauche) et ses amis au départ du Marathon du Mont-Blanc – Photo : courtoisie

Deux mois plus tard, Judith est au départ de l’Ultra-Trail Harricana, avec un taux glycémique encore très élevée. Toujours très nerveuse en compétition, celle qui pratique ce sport depuis moins de deux ans sait que sa stratégie doit passer par le contrôle de sa nervosité. 

Elle garde l’œil sur son lecteur automatisé de glycémie qui n’annonce rien de bon. Le départ est donné, les lectures continuent d’être trop élevées… puis le lecteur s’arrête! 

« Il faisait trop froid pour fonctionner!, explique Judith. J’ai essayé de le réchauffer au ravito, au bord du feu, mais ça n’a pas fonctionné. » Il n’est reparti que bien plus tard, une fois le soleil haut.

Désavantagée par la défectuosité de son lecteur, Judith se retourne vers elle-même et s’écoute. 

Un besoin réel de sucre pour s’équilibrer, ou une simple faim, ce sont deux sensations qui requièrent des actions différentes. « Avec 35 ans d’expérience en diabète, on peut quand même se tromper, mais j’ai bien fait. Je me suis sentie normale et non pas handicapée », se félicite-t-elle. 

La ligne d’arrivée

Ce n’est pourtant pas à la ligne d’arrivée que Judith a ressenti son moment d’accomplissement le plus fort. 

« Pour moi, comme dit le dicton, le bonheur n’est pas au bout du chemin, le bonheur C’EST le chemin. J’avais vraiment envie de passer une journée à courir dans la forêt, et c’est ce que j’ai eu. Je ne savais pas ce que ça allait donner. J’étais même prête à un possible DNF, car je n’avais jamais couru plus de 37 km avant. Ce que je voulais surtout, c’était me rendre au point du marathon. Quand j’ai atteint le 42,2 km, j’ai fait une petite danse dans le sentier! »

Elle s’est placée cinquième de sa catégorie, avec une très honorable 24e place chez la centaine de femmes à avoir participé à l’événement.

Où la reverrons-nous? Judith Boilard assure s’inscrire à ses compétitions à la dernière minute, suivant sa forme et les conseils de son entraîneur. Un petit truc rapide pour l’automne, peut-être.

On la sent rêveuse pour le marathon du Mont-Blanc. En 2020, qui sait? Pour la revanche…