Jean-François Cauchon signe une victoire de dernière minute à la TransMartinique

Jean-François Cauchon au ravito de Macabou – Photo : Vincent Champagne

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L’athlète de Québec Jean-François Cauchon a enlevé, au terme d’une lutte passionnante, la victoire sur la TransMartinique 2018, devançant son rival Mathieu Blanchard dans les derniers kilomètres, au terme d’une course qui n’aura pas été complètement agréable ni pour l’un, ni pour l’autre. Devant l’option de reprendre la première place à la suite d’une erreur de l’organisation, Mathieu Blanchard a choisi de laisser les honneurs à Jean-François. 

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Au fil d’arrivée de la 9e édition du plus important trail de la Martinique, la famille, les amis et les spectateurs présents se demandaient bien qui allait franchir en premier la ligne d’arrivée. Dans les derniers points de passage, Cauchon et Blanchard se suivaient à quelques minutes près, voire couraient ensemble.

C’est finalement l’ingénieur de 25 ans qui a eu le dessus sur l’ingénieur de 31 ans, Mathieu Blanchard, vainqueur de l’édition 2017, ayant en quelque sorte « cassé » dans les derniers miles. Cauchon a pris 17 h 47, Blanchard 18 h 18, un temps qui a été par la suite modifié à 17 h 48 par l’organisation, soit une minute derrière Jean-François.

La victoire n’était pas donnée d’avance, Mathieu Blanchard ayant été donné favoris par plusieurs, puisqu’il connaissait déjà le parcours, et avait dominé de nombreuses courses au Québec et à l’étranger cette année.

Une course duel

Mathieu Blanchard a mené pendant la presque totalité du circuit. Les deux coureurs se sont rejoints dès le début de la compétition, lors de la descente de la montagne Pelée, et ont passé une bonne partie de la nuit en groupe avec deux autres coureurs français. Le départ avait été donné dans le tout dernier village au nord de l’île, Grand’Rivière, sur le coup de minuit vendredi.

La course à quatre a motivé les coureurs, mais les a aussi poussés un peu au-delà de leur zone de confort. À son arrivée au gros ravito de Saint-Joseph, au kilomètre 60, Mathieu Blanchard se disait fatigué, et plus lourd qu’à la même heure au même endroit l’an dernier.

Jean-François Cauchon n’a pas été capable de suivre la gazelle Blanchard dans le tiers suivant de la course, puisque le plat et la route – qui constituent l’essentiel de cette partie dans la plaine agricole de l’île – ne sont pas dans ses forces. Un écart d’au moins 50 minutes s’est creusé entre les deux leaders.

L’organisation reconnaît son erreur

Après avoir recueilli les différentes versions des faits, il appert que l’organisation n’avait pas suffisamment bien indiqué quelle direction il fallait prendre au point de jonction entre la TransMartinique et le Défi bleu, qui était toutes deux balisées par les mêmes fanions.

C’est là qu’est survenu le problème qui a tout fait dérailler. Mathieu s’est dirigé vers un point de ravitaillement qu’il avait fréquenté l’an dernier, mais qui avait été déplacé. Il s’est retrouvé sur le circuit du Défi bleu, qui partait le soir seulement, et a parcouru 11 km, dans la chaleur torride, pour rien, si ce n’est qu’à perdre sa précieuse avance sur son poursuivant.

L’organisation a eu le temps de placer une marque avant le passage du second coureur, ce qui explique pourquoi Mathieu est le seul à avoir pris la mauvaise direction.

La présidente du Club Manikou, Renée Rosange Victorin, a reconnu le problème. En soirée, un comité de dirigeants s’est réuni pour analyser la situation. Il a été décidé de retrancher un certain nombre de minutes au compte final de Mathieu, ce qui aurait eu pour résultat de le déclarer gagnant.

« Ne déclassez surtout pas Jean-François », a dit Mathieu aux organisateurs, bien déçus de la tournure des événements.

Mme Victorin a souligné le geste gracieux de Mathieu envers son son compatriote.

À son arrivée à Sainte-Anne, en deuxième position, il a accepté un bouquet de fleurs, pris la pose pour quelques photos, puis est allé s’allonger sous la tente des services médicaux.

« Malgré les 11 km en plus, je me suis battu comme un dingue pour revenir sur JF et même lui reprendre 15  minutes après (le ravito de) Vauclin. Mais tous mes efforts « en plus », « en trop » m’auront été fatal en fin de course », nous a dit Mathieu.

Jean-François Cauchon a-t-il gagné parce que Mathieu Blanchard n’a pas pris le bon chemin? « C’est sûr que c’est délicat, a-t-il avoué à son arrivée. Je considère que c’est à chacun de trouver la bonne place où aller. »

« C’est sûr que le balisage est déficient, a toutefois affirmé Jean-François. Il n’y a pas tout le temps des fanions, et des fois ils sont très espacés. »

« Je sais que Mathieu est très fort. J’ai peut-être gagné aujourd’hui, mais je sais qu’il est plus fort que moi en général. Il est très rapide. On a une compétition amicale. »

Des coureurs trop rapides

Il est vrai que l’organisation a été surprise par la rapidité des coureurs. Lors de notre visite au ravito de l’habitation Siggy Vauclin, nous avons été à même de constater que les bénévoles commençaient tout juste l’installation du campement, alors que les deux premiers coureurs étaient déjà passés et repartis, au grand déplaisir de leur équipe de soutien.

Selon la « table (des temps) de passage », l’organisation prévoyait l’arrivée du gagnant à 20 h. Or, il est arrivé 2 h 30 plus tôt. Chaque passage aux points de ravito a été plus rapide que prévu à partir de la moitié de la course, ce qui explique pourquoi les services prévus n’étaient pas tous en place pour le peloton de tête.

Marie-Claude Crognan, secrétaire du Club Manikou, reconnaît que les temps de passage estimés n’étaient pas adéquats. Dès qu’ils s’en sont rendu compte, les organisateurs ont appelé l’ensemble de leurs bénévoles pour leur demander de se mettre à la tâche sans plus attendre, mais ils n’ont pas tous été suffisamment rapides.

Cauchon, inquiet pour sa santé

Cette victoire de Cauchon couronne une saison marquée par des premières positions sur plusieurs courses importantes tels que les 100 miles de la Sinister 7, du Bromont Ultra et le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana.

« Toutes les grosses courses que je m’étais fixées comme objectif, je les ai gagnés », a fait remarqué Jean-François quelques minutes après son arrivée à Sainte-Anne, la petite bourgade du sud de la Martinique où se termine la grande épreuve de 144 km.

En cours de route, Jean-François a commencé à se sentir mal. Il a eu des problèmes de vessie, ce qui peut être le symptôme d’un problème de santé sérieux, propre à requérir un abandon immédiat et une prise en charge médicale.

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Jean-François Cauchon souffrant lors d’un passage à un ravito sur la TransMartinique – Photo : Vincent Champagne

Sa soeur Élisabeth, qui est infirmière et qui a suivi son frère tout le long du parcours de ravito en ravito, a parlé directement avec un médecin québécois pour savoir à quoi s’en tenir. Au ravitaillement de Macabou, elle a mitraillé Jean-François de questions, alors qu’il semblait branché sur une haute énergie.

« Jeff, laisse-moi te parler là, j’ai besoin de te poser des questions », lui a-t-elle lancé sur un ton décidé.

« Écoute-moi bien, si tu sens que tu deviens confus, il va falloir que tu arrêtes la course, ok? »

« Ok », a fini par laisser tomber Jean-François, qui s’est finalement rendu jusqu’au bout.

Le podium masculin est complété par Stéphane Eychenne.

Chez les femmes, c’est la Guyanaise Carine Loyer qui l’a remporté, devant Lucile Resplandy et la Québécoise Caroline Côté, qui a terminé en troisième place.

*

L’auteur est l’invité du Comité martiniquais du tourisme et du Club Manikou. Distances+ remercie La Clinique du coureur, qui a rendu possible ce reportage.

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