Qui remportera la 30e édition de la Diagonale des fous?

Grand Raid 2019

Benoit Girondel a remporté la Diagonale des fous en 2017 et 2018 - Photo : Nicolas Fréret
Benoit Girondel a remporté la Diagonale des fous en 2017 et 2018 – Photo : Nicolas Fréret

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Benoit Girondel remportera-t-il la Diagonale des fous (166 km, 9600 m de dénivelé) pour la troisième année consécutive? Si François D’Haene, Killian Jornet, Jim Walmsley et Pau Capell ne sont pas sur la ligne de départ, une quinzaine d’athlètes, parmi lesquels le Québécois Jeff Cauchon, sont capables de le défier, à la force de leurs cuisses et de leur mental d’acier, sur ce terrain ultra-technique où s’enchaînent les montées et les descentes interminables. Distances+ vous propose de passer en revue les forces en présence avant le départ de la 30e édition, ce jeudi à 22 h à Saint-Pierre de La Réunion (14 h à Montréal).

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Ludo Collet, le « speaker » du Grand Raid (et de l’UTMB entre autres), la voix qui motive les troupes, celle qui lance la course et qui accueille les coureurs à l’arrivée, a tenu à faire une petite mise au point en début de conférence de presse mercredi : « Ayons un peu de respect pour les athlètes élites qui prendront le départ cette année. Ce n’est pas vrai que la Diagonale est moins relevée que d’habitude. Il n’y a pas François ou Kilian, mais il y a une grosse densité de gars capables de gagner la course ici », a-t-il insisté avant de présenter les favoris et les « outsiders » de la course.

Benoit Girondel

Benoit Girondel n’est pas un grand bavard, mais il a confié à Distances+ que tous les indicateurs étaient au vert et qu’il était au moins aussi en forme que lorsqu’il a gagné en 2017 et 2018. Renaud Rouanet, qui s’est entraîné avec lui et qui sera lui aussi au départ, confirme que le traileur du Vercors est encore très solide cette année et qu’il ne serait pour sa part pas en mesure de le suivre. Quand nous avons demandé à Benoit qui il s’attendait à avoir à ses côtés durant la course, il a répondu en souriant : « avec elle, et elle », en se tapant la main sur les deux cuisses.

Il y a quelques mois, Girondel disait vouloir retourner à La Réunion pour enchaîner sur une troisième victoire, et se faire mal, parce qu’il adore ça. « On dit jamais deux sans trois, mais c’est jamais fait d’avance. Il y a plein de choses à régler, a-t-il relativisé lors de la conférence de presse. Je veux me faire mal et arriver complètement cramé à La Redoute. Et ça, ça va être cool », a-t-il lancé.

L’an dernier, Benoit Girondel avait passé la ligne d’arrivée main dans la main avec François D’Haene après « seulement » 23 h 18 de course.

Maxime Cazajous

Parmi ces principaux concurrents, le Pyrénéen Maxime Cazajous fait figure de chasseur de luxe. Il se dit en forme et bien préparé. Lors de sa première participation en 2016, il avait terminé 5e et l’an dernier, il était parti fort et avait mené une bonne partie de la course. Même après avoir été dépassé par le quadruple vainqueur de la Diagonale, François D’Haene, et Benoit Girondel, il n’a pas lâché mentalement et a réussi à monter sur le podium. Il a confié à Distances+ qu’il voulait changer de stratégie cette fois-ci. « Je vais essayer une autre façon de courir, faire un départ plus prudent pour espérer mieux finir. J’aimerais bien remonter sur le podium ». Il sera entre autres assisté dans son défi par son petit garçon, très motivé à ravitailler comme un grand son papa jusqu’à l’arrivée.

Antoine Guillon

Antoine Guillon réussira-t-il à passer sous la barre des 24 heures lors de sa 13e participation? C’est son objectif, ce qui l’a motivé à s’entraîner avec acharnement, à raison d’une dizaine de sorties par semaine, pour revenir ici et s’améliorer encore, car il assure que c’est encore possible, en se focalisant sur de petits détails techniques qui font gagner quelques secondes ici ou là. Guillon, qui semble léger comme une plume dit espérer que Benoit et Maxime lui laisseront une petite place sur ce podium. Lui qui aime bien partir de l’arrière pour chasser les coureurs devant lui, comme un chat joue avec une souris. L’an dernier, il avait terminé au pied, mais heureux.

Ludo Pommeret

Le Français Ludovic Pommeret est resté assez discret sur ses intentions. « J’ai pris le départ de la Diagonale quatre fois, et je ne l’ai terminée que deux fois, alors je ne sais pas… » nous a-t-il dit le plus sérieusement du monde. Les deux autres fois, Ludo a terminé deuxième, est-il important de préciser. S’il a parfaitement récupéré de sa troisième place à la TDS fin août, il faudra assurément compter sur lui. C’est le terrain qu’il aime.

Diego Pazos

Nous surveillerons aussi le Suisse Diego Pazos, qui fait partie de l’équipe des Guerriers du Grand Raid de La Clinique du Coureur. Il a été virevoltant au printemps lors de l’Ultra-Trail de l’île de Madère, en terminant deuxième derrière le grand D’Haene. Les coureurs qui performent au MIUT ont tendance à bien performer sur les courses du Grand Raid, mais Diego s’est blessé cet été et il n’a pu s’entraîner comme il faut seulement pendant cinq semaines. Son énergie débordante et sa joie d’être là laissent toutefois penser qu’on le verra assez rapidement devant, quoi qu’il arrive.

Jordi Gamito

L’Espagnol Jordi Gamito fait figure de favori sur le papier, mais après une année 2018 de folie (vainqueur de La Mascareignes, 3e de l’UTMB, 3e du MIUT, 2e de la Maxi-Race d’Annecy…), il a abandonné la TDS et la Western States. À voir, mais il ne semble pas au meilleur de sa forme, malgré son grand sourire qu’il transporte toujours avec lui. Il pourrait bien partir à toute vitesse avec son ami Diego et voir si ça passe, ou si ça casse.

Jean-Philippe Tschumi

Lors des discussions d’avant-course, le nom du Suisse Jean-Philippe Tschumi est souvent revenu. Reste que s’il est très fort, il brille généralement sur des trails en dessous de 100 km.

David Hauss

C’est aussi le cas de David Hauss, un enfant du pays qui virevolte sur les sentiers techniques locaux. Il remporté La Mascareignes (66 km) en 2016 et le Trail de Bourbon (112 km) en 2017 et 2018, mais il est inexpérimenté sur les ultras de 100 miles. Alors, deviendra-t-il le Xavier Thévenard du Grand Raid en remportant les trois courses de la fête réunionnaise? Peut-être, mais sans doute pas cette année.

Fabrice D’Aletto

Une dizaine d’autres champions (Gregoire Curmer, Guillaume Porche, Arthur Joyeux-Bouillon, Martin Kern, Javier Rodriguez Bodas, Cédric Chavet, Ramon Casanova, Candide Gabioud ou encore Jérôme Lucas) pourraient briller sur cette course mythique et créer la surprise, à l’image du Français Fabrice D’Aletto qui nous confiait lors de son passage à l’Ultra-Trail Harricana du Canada en septembre que s’il courait encore c’était pour s’illustrer sur la Diagonale, sa course de coeur. Sa cote cassée est maintenant un vieux souvenir et il compte « essayer de (se) rapprocher d’un top 10 ».

Jean-François Cauchon

Jean-François Cauchon lors de ses dernières heures de repos sur la plage avant de prendre le départ de la Diagonale des fous 2019 - Photo : Nicolas Fréret
Jean-François Cauchon lors de ses dernières heures de repos sur la plage avant de prendre le départ de la Diagonale des fous 2019 – Photo : Nicolas Fréret

La plus belle surprise viendra peut-être du Québec avec la présence sur la ligne de départ de Jeff Cauchon. L’athlète de Québec est arrivé à La Réunion deux semaines avant la course avec les Guerriers du Grand Raid. Il a fini sa préparation dans les sentiers techniques de La Réunion et a repéré les 100 derniers kilomètres. Il a pu se reposer correctement, il se dit au sommet de sa forme et il est ultra motivé à respecter son plan de progression pour finir en 26 heures et terminé dans le top 10, au moins… À l’image d’Antoine Guillon, Jeff est un métronome et il est fort dans le technique, notamment dans les grosses descentes, une difficulté majeure sur le parcours, où il peut gagner beaucoup de temps.

David Jeker et Johan Trimaille seront aussi très motivés à réaliser une performance, notamment pour que les Guerriers du Grand Raid montent sur le podium du classement par équipe.

Une Diagonale très ouverte chez les athlètes féminines

Les vedettes féminines du trail n’ont pas fait escale sur l’île de La Réunion cette année. Mimmi Kotka, pour ne nommer qu’elle, n’a pas retenté sa chance cette année (elle avait terminé 6e l’an dernier, en s’écroulant sur la fin). Aucune des filles qui sont montées sur le podium en 2018 ne sont là, ni Jocelyne Pauly, ni Audrey Tanguy, ni Juliette Blanchet. En revanche, la 4e de l’an passé, la Réunionnaise Gilberte Libel sera au départ et sera sans doute dure à battre. Elle avait terminé 2e en 2014 et elle a gagné le Trail de Bourbon (112 km) en 2015 et 2016.

Gilberte aura face à elle, outre d’autres excellentes traileuses locales, l’Américaine Sabrina Stanley, qui a remporté la Hardrock 100 en 2018 (elle avait terminé également 3e de la Western States), la Suissesse Laurence Yerly, meilleure cote ITRA du plateau, ou encore les Françaises Marion Delespierre, qui a gagné la Maxi-Race d’Annecy cette année, et Sandrine Bellanger, vainqueure de la L’Échappée Belle l’an dernier.

L’auteur est l’invité du Grand Raid de La Réunion.

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